67 liens privés
Une analyse du «green-washing» de l'ultra-trail et une conclusion que je trouve cinglante de l'esprit de compétition qui habite notre société :
«Concluons par l’intervention d’un autre conférencier, Fabien Ollier, enseignant d’EPS, philosophe et directeur de publication de la revue Quel Sport ?, qui introduit son intervention au sujet de la compétition en citant Henri Laborit – célèbre médecin, chirurgien et neurobiologiste à qui l’on doit notamment l’un des premiers traitements neuroleptiques : « J’ai toujours dit que le système nerveux ne servait qu’à une chose, c’était à agir. Lorsque j’observe des gens courir autour du pâté de maisons à la fin de leur journée, je pense qu’effectivement cette action leur est très favorable. Car le reste du temps, ils demeurent probablement immobiles devant leur écran d’ordinateur. Pour eux, ce jogging n’est pas gratuit. D’ailleurs, on n’agit jamais par hasard. On agit pour contrôler son environnement. Par la course à pied, ces personnes tentent de conserver une certaine mobilité dans une vie où elles sont condamnées à rester le cul sur leur chaise. En ce sens, le sport est une sorte d’ersatz d’une vie plus naturelle. Mais le problème survient lorsque, de cette finalité tronquée, naît la compétition. Comme s’il s’agissait d’une suite logique ! Alors ça, je ne l’admets pas ! Pour moi, toute compétition est ordurière. Elle est à l’origine de tous les malheurs de l’homme : la compétition économique où il faut vendre un peu plus de marchandises, la compétition à l’école ou dans la vie où il faut être le plus grand, le plus beau, le plus fort. Et le sport ne fait souvent qu’entretenir cette obsession malsaine. Dans notre monde, la compétition, c’est la trivialité la plus dégueulasse, la plus bête. […] Est-ce que vous savez d’où vient l’esprit de compétition ? Comment cela se passe dans votre cerveau lorsque vous avez envie de vous mesurer à un autre ? Eh bien, c’est la recherche de la dominance, c’est la possession des choses et des êtres qui vous anime. Dans un espace vide, nous ne serions en compétition avec personne. Il n’y a aucun instinct là-dessous. Seulement l’apprentissage d’une lutte pour s’approprier des gratifications. Si cela vous paraît naturel, c’est parce que l’on a introduit dans votre crâne des automatismes de pensées et des concepts que vous n’oserez jamais changer d’une virgule parce que ce serait trop douloureux pour vous. Mais ne vous vexez pas. Tout le monde est contaminé par cette connerie […]. »
Alors décontaminons-nous.»